Présentation et historique [es]
HISTOIRE DE LA RELATION BILATERALE
Si l’on fait exception des raids de corsaires français sur les villes côtières vénézuéliennes à l’époque coloniale (1567, 1666, 1680), l’histoire des relations franco-vénézuéliennes commence réellement à la fin du XVIIIème siècle. Sur le terrain scientifique, l’expédition botanique menée par le Français Aimé Bonpland (1799-1800) avec Alexander von Humboldt permet de faire progresser la connaissance de la géographie et des richesses naturelles du Venezuela. Sur le plan intellectuel et politique, les idées des philosophes des Lumières - Montesquieu, Diderot, Voltaire, Rousseau, etc. - et la Révolution française influencent une partie des sociétés latino-américaines et contribuent à la formation des aspirations indépendantistes.
Au-delà de la circulation des idées de part et d’autre de l’Atlantique, deux héros de l’indépendance vénézuélienne sont plus particulièrement marqués par les événements que traverse la France de cette époque : le général Francisco de Miranda - qui s’illustre dès 1792 lors de la bataille de Valmy aux côtés des révolutionnaires français (et qui à ce titre est l’un des rares étrangers à avoir son nom gravé sur l’Arc de Triomphe à Paris) - et le libérateur Simón Bolívar - qui lors de ses voyages en France en 1802 et 1804 est notamment inspiré par la figure de Napoléon Bonaparte. C’est par ailleurs l’occupation de l’Espagne par la France napoléonienne qui fournit aux Vénézuéliens l’occasion de commencer à s’émanciper de Madrid, avec la création de la Junta Suprema de Caracas en 1810.
Dans les années 1830, la France et la jeune République du Venezuela posent les premiers jalons de leur relation d’Etat à Etat : une première convention bilatérale est signée en 1833, un consul de France à Caracas et La Guaira est nommé en 1834, et un traité d’amitié, de commerce et de navigation est signé en 1839.
Au cours du XIXème siècle, l’instabilité politique à Caracas conduit pas moins de quatre présidents vénézuéliens à solliciter la protection de la France : José Tadeo Monagas (accueilli à la légation française à Caracas), ainsi que Manuel Felipe de Tovar, Juan Crisóstomo Falcón et Antonio Guzmán Blanco (exilés à Paris). Les trois derniers finiront d’ailleurs leur vie sur le territoire français (Tovar et Guzmán à Paris, Falcón à Fort-de-France).
Les relations franco-vénézuéliennes tout au long du premier siècle d’indépendance vénézuélienne alternent entre rapprochement - notamment sous la présidence d’Antonio Guzmán Blanco, grand admirateur de la France de Napoléon III - et périodes de tensions liées au sujet des dettes de l’Etat vénézuélien à l’égard de ressortissants et sociétés français. Ces tensions conduisent par deux fois à la rupture des relations diplomatiques (1881-1885 et 1906-1913). Ces aléas n’empêchent cependant pas que quelques milliers de Français s’installent au Venezuela au cours du XIXème siècle, principalement en provenance de Corse et du Sud-Ouest. Si les Corses parviennent à prospérer grâce au cacao et au rhum dans la région de Carúpano (Etat de Sucre), les Béarnais se heurtent à davantage de difficultés, comme en témoigne l’échec du projet de communauté agricole française "Colonia Bolívar" près de Guatire (Etat de Miranda).
Dans la seconde moitié du XXème siècle, la France et le Venezuela se rapprochent : des accords bilatéraux sont signés à intervalles réguliers et les échanges économiques et culturels s’intensifient. Entre 1963 et 1993, Renault produit 132.000 véhicules au Venezuela. De 1976 à 1983, le Concorde opère cinq rotations par semaine entre Paris et Caracas. A partir des années 1980, c’est Alstom qui construit le métro de Caracas. Paris et Caracas nomment chacune une place en l’honneur de l’autre pays en signe d’amitié ("Plaza Francia" d’Altamira et la "Place du Venezuela" dans le XVIème arrondissement). L’intérêt français pour le Venezuela s’illustre par deux visites de Présidents de la République à Caracas : le général De Gaulle en 1964, premier chef d’Etat français à visiter le Venezuela, puis François Mitterrand en 1989. La relation franco-vénézuélienne reste soutenue dans les années 2000 : le Président Hugo Chávez se rend ainsi à sept reprises à Paris entre 1999 et 2008.
Les dernières visites de haut niveau remontent à juin 2013 (visite officielle du Président Nicolás Maduro à Paris), juillet 2016 (visite de la ministre des Relations extérieures Delcy Rodríguez) et juillet 2017 (visite du ministre des Relations extérieures Jorge Arreaza). Cette dernière visite avait été l’occasion pour la France de témoigner sa préoccupation face à la dégradation de la situation au Venezuela et d’appeler le gouvernement vénézuélien à reprendre des négociations crédibles. La liste complète des visites bilatérales depuis 2000 est consultable sur cette page.
ETAT ACTUEL DES RELATIONS BILATERALES
Politique
Face au refus de Nicolás Maduro d’accepter de nouvelles élections présidentielles crédibles, la France et 19 Etats-membres de l’UE, décident le 4 février 2019 de considérer le président de l’Assemblée nationale Juan Guaidó comme président par intérim du Venezuela en charge de l’organisation d’élections démocratiques. Le Président de la République et le Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères ont reçu Juan Guaidó le 24 janvier 2020 à Paris.
Avec ses partenaires, notamment de l’Union européenne et du Groupe de Contact International, la France appelle constamment à une solution pacifique à la crise vénézuélienne, qui passe par l’organisation d’élections crédibles et transparentes. Elle a par ailleurs participé ces dernières années à l’adoption de sanctions individuelles de l’Union européenne à l’encontre de personnalités vénézuéliennes impliquées dans les violations des droits de l’Homme et l’affaiblissement du système démocratique au Venezuela.
Voisinage
La proximité du territoire vénézuélien et des départements français d’Amérique (Martinique, Guadeloupe et Guyane française) confère une dimension particulière aux relations entre la France et le Venezuela. Nos deux pays partagent une frontière maritime en mer des Caraïbes, délimitée par un accord signé en 1980. Ils entretiennent des relations de bon voisinage, dans une zone où la lutte contre le narcotrafic constitue un enjeu majeur. Le Venezuela est membre de l’Association des Etats de la Caraïbe, dont la France et deux de ses régions caribéennes (Guadeloupe et Martinique) sont membres associés.
Economie
Nos relations économiques, historiquement centrées sur de grands contrats dans les secteurs des hydrocarbures et du transport urbain, se sont très considérablement réduites ces dernières années. Après un pic à 777 millions € en 2012, le commerce bilatéral franco-vénézuélien n’atteint plus que 96 millions € en 2019. La balance commerciale est devenue déficitaire pour la France en 2017 : nos exportations (21 millions €) sont pénalisées par l’effondrement de l’économie vénézuélienne, le manque de devises pour importer, les arriérés de paiement envers nos entreprises et la préférence du gouvernement vénézuélien pour les pays alliés.
Humanitaire et société civile
La France a su mobiliser des montants croissants pour venir en aide à la population vénézuélienne (735.000 € en 2018, portés à plus de 2 millions € en 2019, puis 4 millions € pour l’année 2020). Cette aide est constituée de subventions aux organismes internationaux (HCR, CICR, OIM) ainsi qu’à des ONG apolitiques venant en aide aux Vénézuéliens, qu’ils se trouvent au Venezuela ou dans les pays frontaliers.
L’appui aux ONG au Venezuela se traduit par le financement de projets en matière d’aide alimentaire, de santé et d’assistance aux populations vulnérables, d’inclusion sociale, ainsi que de promotion des droits de l’Homme et de l’égalité femmes/hommes.
Culture et enseignement
Bien que la crise vénézuélienne et la pandémie de COVID-19 aient affecté la coopération dans plusieurs domaines, la France s’efforce de continuer à promouvoir les échanges universitaires, le débat d’idées ainsi que la langue et la culture françaises, autour de temps forts tels que la Semaine de la France, la Fête de la Francophonie, la Nuit des Idées, le Festival du Cinéma français, la Fête de la Musique et l’opération Goût de France.
L’Alliance française est implantée dans neuf villes vénézuéliennes : Caracas - quatre sites distincts -, Barinas, Barquisimeto, Maracaibo, Maracay, Mérida, Porlamar, Puerto La Cruz et Valencia.
Caracas accueille également un lycée français (Colegio Francia) qui comporte deux sections d’enseignement : une section française et une section vénézuélienne.
Consulaire
La communauté française au Venezuela compte désormais moins de 3000 inscrits dont environ 60% dans l’agglomération de Caracas. Malgré la diminution constante de ses effectifs depuis 2014, cette communauté peut compter à Caracas sur une offre complète de services consulaires de la part de l’ambassade ainsi que sur l’appui de plusieurs consuls honoraires en province et des trois conseillers consulaires élus dans la circonscription Venezuela - Sainte-Lucie - Trinité-et-Tobago.
Selon l’INSEE, environ 3600 Vénézuéliens vivent en France (chiffres de 2016).